Macron peut-il être le candidat des jeunes ?

 

Le candidat fraîchement déclaré de 38 ans fait depuis quelque temps forte impression auprès des jeunes français, -et des français tout court, me dit-on à l’oreillette… Enchaînant les unes de magazines, les meetings et les stratégies com, Macron est partout. Lumière sur un candidat déjà très éclairé…

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Crédits Photo : AFP

L’ex ministre de l’économie est de plus en plus populaire, et a en effet récemment été élu personnalité de gauche préférée des français. Lors de son meeting du 10 décembre, il a réussi à rassembler entre 10 et 15 000 personnes, là où le PS n’avait réussi à en rassembler que 3000. Mais le plus impressionnant était sans conteste la catégorie d’âge présente. Il y avait en majorité… des jeunes (18-30 ans), là où le PS rassemble davantage une catégorie d’âge « très adulte ». Mais alors, qui est véritablement ce candidat se postant en défenseur des laissés-pour-compte, et aux idées teintées de libéralisme ? Pourquoi les jeunes soutiennent t’ils cet homme, pourtant    ancien banquier chez Rothschild ? Emmanuel Macron est-il en mesure d’être le candidat de tous les jeunes, des plus au moins diplômés ?

Tout d’abord, notons que le candidat s’appuie sur un solide fondement tombant à point, celui du renouveau. Il se poste en candidat antisystème, alors même que le sentiment de ras-le-bol politique est l’état le plus répandu dans les foyers français. En particulier chez les jeunes, à qui l’on promet beaucoup, à qui l’on raconte que « c’était mieux avant » mais qui, au fond, subissent plus que personne les revers de la crise. Il est normal qu’ils recherchent donc une nouvelle offre politique, à travers Marine Le Pen par exemple. Mais ne peut-on pas se voir offrir du renouveau sans sombrer dans l’extrême du Front National ? L’ex ministre ne condamne pas pour autant les partisans de Le Pen, « il faut leur reparler de leur vie. Donner du sens, une vision. Combattre ce parti qui manipule leur colère » déclare t’il.

Emmanuel Macron incarne pour l’instant l’espoir d’un total changement ; selon lui “l’enjeu n’est pas de rassembler la gauche ou la droite, c’est de rassembler les Français”. En effet, il affirme vouloir réconcilier la liberté et l’égalité, l’une prônée par la droite, l’autre par la gauche, et ne se réclame d’aucun parti politique, bien que ses valeurs soient globalement de gauche, le tout saupoudré de libéralisme.

Côté programme, il se poste en tant que « candidat du travail » et propose plusieurs mesures refondatrices. Selon lui, la loi doit édicter des règles simples telles que les 35h, le salaire minimum ou encore l’égalité entre homme et femme, mais des compromis et des mesures singulières souples seront prises au sein de l’entreprise ou de la branche. Macron souhaite « doper l’esprit d’entreprendre » en garantissant le chômage aux indépendants, aux auto-entrepreneurs comme aux salariés après une démission. Un filet de protection attractif pour les jeunes à la tête pleines d’idées neuves. Il souhaite également supprimer les cotisations maladie et chômage afin de faire augmenter le salaire net, grâce à l’augmentation légère de la CSG (contribution sociale généralisée) incluant les actifs, les retraités et les revenus du capital. Une de ses mesures choc est la volonté d’aller plus loin dans la décentralisation (transfert de pouvoirs de l’Etat vers des fictions juridiques distinctes de lui : collectivités, institutions…) et de donner aux universités, établissements scolaires et hôpitaux davantage d’autonomie. Selon lui « l’état doit définir les programmes et le cadre de l’enseignement, et la gestion de ces filières doit être transférée aux régions ».

Plusieurs domaines lui tiennent à cœur, et devrait selon lui recevoir plus d’investissement de la part de l’Etat. Parmi eux, l’éducation, la transition écologique et la sécurité. Il souhaite en effet l’embauche de 10 000 fonctionnaires de police et de gendarmerie, et mieux aider les écoles des quartiers défavorisés en y attirant davantage de professeurs expérimentés, qui seraient plus libres et mieux payés.

Dans son livre programme « Révolution » sorti en novembre, le candidat y évoque la délicate question de la laïcité, et du voile en France. Selon lui, il faut autoriser le voile à l’université pour ne pas priver des jeunes filles de l’éducation qu’elles méritent. En justification il évoque sa grand-mère, ancienne enseignante aux idées socialistes, « il me semble qu’elle aurait déploré que la pression de l’obscurantisme empêche ces jeunes filles d’accéder au vrai savoir, celui qui est libre et personnel. Mais parce qu’elle avait voué sa vie à l’éducation des filles, et avait pu mesurer combien celle-ci n’allait pas de soi, même dans un pays comme le nôtre, je crois qu’elle aurait déploré que nous ne puissions rien trouver de mieux que l’interdiction, l’affrontement, toute cette hostilité si contraire dans sa nature à ce qu’il faut faire entrevoir ». On voit donc que les jeunes, et surtout l’éducation, ont une place privilégiée au sein des mesures prônées par Emmanuel Macron.

Ce qui expliquerait leur engouement autour de cette personnalité atypique incarnant la réussite professionnelle, lui qui a gravit les échelons, diplômé de Sciences Po, assistant du philosophe Paul Ricœur puis diplômé de l’ENA devenu inspecteur des finances avant d’être engagé par la banque Rothschild à l’âge de 30 ans. Son ascension est impressionnante, si bien qu’il accepte en 2012 de devenir secrétaire général adjoint de la présidence sous François Hollande. Puis, en 2014 il devient ministre de l’Economie, poste duquel il démissionne en aout 2016, annonçant quelques semaines plus tard sa candidature à la présidentielle 2017. Sa femme, Brigitte Trogneux, déclare dans VSD à propos de lui et de son parcours « Il n’est pas seulement brillant, beaucoup de gens le sont. Non, lui, son truc c’est qu’il n’est pas dans la norme ».

Il est vrai que Macron s’amuse à s’opposer férocement à plusieurs mesures prônées par les Républicains ou la gauche, notamment celle d’un revenu universel versé à tous les citoyens à parts égales. De plus il dénonce les idées de François Fillon, et particulièrement celle du déremboursement des petits soins, dont il dit qu’elle est injuste et condamnera les classes moyennes à ne plus se soigner. Emmanuel Macron se poste donc comme le candidat de toutes les classes socio-professionnelles, valorisant le travail des cadres et des auto-entrepreneurs par ses mesures libérales, mais défendant aussi les moins aisés par ses mesures sociales en faveur de l’égalité.

Il y a environ un an s’est créé le site internet « les Jeunes avec Macron », un collectif indépendant déclarant réunir aujourd’hui près de 10 000 membres. Leur moyenne d’âge est de 29 ans puisqu’il s’est progressivement ouvert aux moins jeunes (faute d’autre initiative autour de Macron), mais il compte bon nombre de jeunes entrepreneurs, d’apprentis, d’étudiants et même de lycéens, dont 60% d’entre eux est originaire de province. Ils qualifient Emmanuel Macron de candidat « jeune, moderne et libre de tout contingent hormis l’idéologie et le pragmatisme qui le gouverne, il est simplement à notre image ». Son propre mouvement En Marche ! dont les initiales reprennent celles de son nom, regroupe aujourd’hui près de 120 000 adhérents ; des réunions sont tenues et des comités sont créés chaque semaine.

Macron, ses soutiens et son programme sont donc en phase de développement et de floraison en France, séduisant de plus en plus de citoyens, et particulièrement les jeunes. Sa personnalité et ses promesses incarnent le renouveau recherché, avec une vision de la société libre et ouverte et un programme économique réformateur pouvant possiblement s’imposer comme le compromis, et contrer la montée de l’extrême droite dans les mentalités. C’est donc une affaire à suivre attentivement, qui prévoit un scrutin en avril prochain plus qu’intéressant…

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