Ma raison, la tradition et peut être une certaine pression, me pousse à écrire aujourd’hui que l’art, c’est la parole. Car un discours agréablement construit est une invention des plus plaisante ; même des murmures peuvent heurter l’âme, si l’on a mis toute celle-ci à l’ouvrage en les chuchotant. Les créations de l’esprit se doivent d’être translatées et expliquées avec la plus grande des minuties. Il est vrai. Les souffles hululant de notre for intérieur, les guides de la connaissance que l’on pourrait assimiler à des millions d’abeilles s’affairant dans la ruche produisent matière au débat -y a t’il un langage avant le langage? Peut-on légitimer l’expression « chercher ses mots », supposant que ces derniers sont bien là, mais simplement masqué par un brouillard opaque de fatigue, d’oubli ou de fainéantise?
Mais, et si ce n’était pas qu’une question de devoir? Et si l’Art, avec la majuscule soulignant l’importance, c’était justement l’acceptation d’une autre forme de langage, sorti du carcan de l’adéquation parfaite avec la réalité ? En d’autres termes, pourquoi blâmer ceux qui ne savent s’exprimer ? Le manque de charisme et d’éloquence est bien trop souvent associé au manque d’intelligence. Car bien sûr, un être normalement constitué doit apprendre dès son plus jeune âge à classer ses idées, à mettre à profit les bons termes au bon moment, et à créer des suites logiques et des enchaînements. On le baigne dans de la grammaire, on lui apprend la sémantique et la syntaxe sans jamais prononcer ces termes. Evidemment.
Évident ?